Avec La Transparence et l'obstacle, Jean Starobinski réussit le tour de force de réconcilier belles lettres et sciences humaines. Dans un style vif, lumineux et sans affectation excessive, l'auteur parvient à nous faire redécouvrir et aimer la personne et les idées de Rousseau qu'il choisit de prendre tel qu'il se donne, dans ses contradictions, pour en saisir la vérité
D'où viennent la tristesse profonde, le désespoir, le délire, la fureur, le suicide ? Contre ceux qui invoquaient une cause surnaturelle ou une punition divine, la pensée médicale a fait prévaloir, dès l'Antiquité, une cause naturelle, une humeur du corps : la bile noire, c'est-à-dire la mélancolie. Sa noirceur, souvent comparée à celle du charbon ou de l'encre, était l'indice de son pouvoir maléfique. Cette humeur n'existait pas. Mais n'est-ce pas avec de l'encre que l'on écrit des poèmes?
Autoportrait intellectuel écrit en 2010 pour un discours, à l'occasion du Prix de la Fondation pour Genève, dans lequel l'auteur genevois retrace son parcours sous la forme d'anecdotes
Interrogeant quelques grandes oeuvres : Corneille, Racine, La Bruyère, Rousseau, Stendhal, Jean Starobinski montre comment, dans la création littéraire, l'exigence du regard, dépassant et détruisant la réalité visible, entraîne dans le monde de l'imaginaire ; comment aussi, aiguisée par l'obstacle et la déception, elle incite à toutes les perversions : voyeurisme, sadisme, etc.